« Zéphyr, vu par son frère »

Zéphyr a toujours voulu me ressembler, mais il n’avait pas la carrure le pauvre. Dès son entrée à l’école j’ai su qu’il n’avait pas d’ambition. C’était un jeune gentil, travailleur, mais très faible. Il ne savait pas rendre les coups. Il est certes intelligent, mais il n’est pas futé, pas débrouillard. C’est un sorcier talentueux, mais il n’a pas la classe, ni l’audace d’un Petrova. Et s’il pensait vraiment que faire partie de l’équipe de quidditch, déroger deux trois fois au règlement ou se taper la moitié des filles de sa maison me ferait changer d’avis, il se mettait le doigt dans l’œil. Et puis ce choix de métier, prof. Il ne devait pas être assez doué pour être auror, c’est évident.

« Zéphyr, vu par un co-équipier au quidditch »

Zéphyr est notre capitaine, et on comprend pourquoi. Il est vraiment doué, et sait motiver ses troupes. Avec lui on n’a pas droit à l’erreur, il est aussi exigeant avec nous qu’il l’est envers lui-même. Il est très moqueur, mais on le prend tous à la plaisanterie, on sait qu’il est comme ça, très taquin. Mais il n’est pas non plus avare de compliment, il sait dire quand on fait les choses bien. Sur le terrain il est super sérieux, mais dès qu’on pose nos balais il est toujours partant pour déconner et s’amuser. Y’a qu’avec les filles qu’il est un peu con parfois. On dirait que dans ce domaine, il ne sait pas être sérieux. Je ne suis pas sûr que ça l’intéresse vraiment, ce mec n’a d’intérêt que pour la perfection. C’est un type ambitieux.

« Zéphyr, vu par son ancienne prof de défense contre les forces du mal »

Zéphyr est de loin le meilleur élément que j’ai eu depuis un moment. Il est intéressé, appliqué, travailleur. C’était un élève brillant, même s’il se laissait distraire assez facilement. Je pense qu’il était un peu en quête d’identité, comme s’il avait quelque chose à prouver. Il voulait être le meilleur, mais pas le chouchou. Ses notes comptaient énormément à ses yeux, mais il voulait se donner une image de je-m’en-foutiste, car sa vie sociale aussi avait de l’importance. Il voulait avoir son image de marque. Mais c’est normal, à cet âge. Au fond, je ne l’ai jamais vu rabaisser quelqu’un même s’il aimait se moquer un peu pour épater la galerie. Je pense qu’il souhaite vraiment aidé les autres, c’est quelqu’un de foncièrement bon et talentueux si vous voulez mon avis. Je suis heureuse que ce soit lui qui me succède à ce poste, car il fera un très bon professeur de défense selon moi.

« Enfance »

Aussi loin que je me souvienne, jusque mes 9 ans je n’ai que des souvenirs très flous. Je sais juste que mon monde se résumait à la magie et à la réussite. Mon père Viktor Petrova ne concevait pas l’échec. Pour lui, la réussite n’était pas quelque chose qu’on obtenait par le travail, elle ne se méritait pas : elle coulait dans les veines, dans le sang, et se passait de génération en génération. Ainsi, si l’un de ses enfants échouait, il n’avait pas d’autre choix que de se relever après une bonne correction pour rattraper son erreur, sans quoi toute la famille devait porter son échec. Pour cette raison, nos parents nous poussaient très jeune à nous surpasser, et nos jeux étaient le plus souvent des jeux ludiques où l’important n’était pas vraiment de participer.

J’avais cinq ans lorsque Mavrick, mon frère aîné, reçu sa lettre pour aller à Poudlard. Je ne me rappelle que de cet énorme sentiment de fierté que j’avais partagé avec toute ma famille, dans l’attente de sa répartition. Il était entendu qu’il serait envoyé à Poséidire, comme la plupart des hommes de la famille. Nous étions élevé à avoir de l’ambition et de la volonté, il n’aurait pu en être autrement. Ainsi quand j’eu dix ans, je pensais moi aussi y être envoyé, le plus naturellement du monde. J’étais bien différent de mon frère, pourtant, mais à dix ans, peut-on vraiment voire la soif de pouvoir dans la tête d’un gosse ? Je n’avais même pas supplié le choixpeau, intérieurement je connaissais déjà ma maison … Et pourtant. Lorsque le Choixpeau m’avait envoyé à Aphrodonte, j’avais difficilement retenu mes larmes. Une camarade, saisie par ma détresse m’avait alors affirmée qu’il n’y avait pas de honte à se trouver dans la maison de l’amour et du courage. L’amour et le courage ! Quelle belle connerie. Mon père allait être furieux. Alors que j’allai trouver mon frère dans la soirée, il se moqua de moi et affirma qu’il n’était pas étonné … Que j’étais un gentil petit garçon bien sage et que je n’avais pas une once d’ambition en moi. J’allais passer les dix prochaines années à lui montrer qu’il n’y avait rien de bon et de gentil chez moi.

« Hogwarts - 1ère à 4ème année »

Pendant mes quatre premières années à Poudlard, je ne dérogeais pas au règlement et passais le plus clair de mon temps à la bibliothèque pour étudier. Je n’étais pas vraiment un élève populaire, mais j’étais clairement l’un des meilleurs. Je travaillais beaucoup, et cela payais : j’excellais dans presque toutes les matières. Mes professeurs voyaient en moi un élève brillant, mais le problème était que mes parents et mon frère voyait la même chose. Le petit Zéphyr, sérieux et travailleur. J’étais bon en tout, mais ce que ma famille voyait été un élève appliqué, sans réel talent pour quoique ce soit en particulier, sans démarcation, sans ambitions. J’avais en moi toujours le même désir d’être auror, depuis bien des années. Et cette année ne fut pas celle de ma consécration.

En effet, je voyais dans les Hogwarts-Games l’opportunité d’enfin me démarquer. J’espérais de tout cœur être tiré cette année, mais le sort en décida autrement : c’est le nom de mon frère Mavrick qui sorti de l’urne. Ma petite sœur, qui entrait seulement cette année à Poudlard, était horrifiée. S’il perdait, il ne serait plus jamais le même. Pourtant ils n’avaient jamais été proches, pas comme nous l’étions elle et moi en tout cas. J’avais l’impression que ma petite sœur avait tiré sur moi, et pas sur Mavrick. Et pourtant, elle avait rejoint les Poséidire, allez savoir pourquoi. Quoiqu’il en soit, elle fut très bouleversée par la nouvelle de l’entrée de notre aîné dans les jeux. Moi ? Sans vraiment me l’avouer, c’était la perspective qu’il gagne qui m’effrayait. Si jamais il venait à changer du tout au tout, ne serait-ce pas finalement une bonne chose ? S’il gagnait, je serais condamné à rester dans son ombre et à me voir retirer la chance de briller aux jeux. Encore une fois, il allait tirer toute la gloire pour lui.

Et ce fut le cas. Il gagna non sans peine les jeux, mais il en sorti vainqueur néanmoins. C’était sa dernière année à Poudlard, et au vue de son incroyable force de caractère et de son ambition, il se vit offrir une place de choix au ministère de la magie. Cela marqua un tournant dans notre relation, et je ne le revis qu’en de rares occasions après cela.

« Hogwarts - 5ème année »

Mon année suivante fut marquée par mon entrée dans l’équipe de quidditch, et par un grand relâchement. L’arrêt de cette compétition permanente avec mon aîné m’avait permis de me libérer de certaines barrières, et je changeais radicalement d’attitude. Je sympathisai rapidement avec mes coéquipiers, et devint légèrement moins studieux. J’avais toujours de très bons résultats, mais je passais moins de temps à la bibliothèque pour développer davantage mes liens sociaux. Je passais également beaucoup de temps en salle de duel avec des amis avec qui je me découvris une passion soudaine pour cet exercice. Lancer des sorts était vraiment libérateur, et je compris que je m’étais découvert une vocation. J’avais calculé qu’il me faudrait deux ans pour avoir le niveau nécessaire pour enseigner la défense contre les forces du mal, mais cela ne serait sans doute pas très bien accueilli étant donné que certains de mes élèves seraient d’anciens camarades. Mais je n’aurais pas le choix, car la professeure de défense actuelle devait partir environ à cette époque, et si je souhaitais prendre son poste, je n’aurais pas d’autres occasions.

En observant mes camarades de Poséidire, je voyais ce que j’aurais pu devenir : élitiste, égoïste, conservateur. Et bien qu’une part de moi regrettait d’avoir déçu les attentes de ma famille, l’autre au contraire se réjouissait de pouvoir faire ce que bon lui semblait sans avoir à subir ce genre de pression, et sans avoir une image de marque à garder. J’avais ce que j’avais toujours désiré : des amis, des copines, et le poste de capitaine de l’équipe de quidditch. J’avais des notes excellentes à mes examens, et même si j’étais moqueur et parfois dur, j’étais apprécié. J’aurais presque voulu que cela ne se finisse jamais.

« Hogwarts - 5ème à 10ème année »

Mais quelque part, cela ne s’arrêterait jamais pour moi, en un sens, puisque je prévoyais de rester à Poudlard pour toujours. Pendant ma dernière année, je m’entretins avec le directeur pour lui soumettre mon désir d’enseigner à Poudlard, et d’y rester. J’avais toujours été un brillant élève, et même si j’avais été quelque peu plus turbulent pendant mes dernières années, il m’appréciait. Je m’arrangeai avec mon professeur de défense contre les forces du mal, qui avait depuis toujours une petite préférence pour moi, au vue de l’importance et de l’intérêt que je portais à sa matière, pour que son départ coïncide avec mon arrivée.

« De vingt à vint-trois ans »

La fin de ma dernière année fut la fin d’une histoire, j’avais quelque part oublié mon propre héritage pour me construire seul comme je l’entendais. Je n’avais fait part à personne de mes projets, et quand je quittai l’école, mon frère me proposa un poste au ministère de la magie. Un poste en rapport avec les moldus biensûr, pour me rabaisser et m’humilier toujours davantage. Mon père me poussait à prendre le poste, prétextant que « je n’aurais jamais de meilleur opportunité ». Quelle ne fut par leur surprise lorsque je leur annonçais que j’allais enseigner à Poudlard. Mes parents furent fiers je pense, mais mon frère n’arrêtait pas de me répéter que « ceux qui sont mauvais … enseignent. » Je ne gardais de liens qu’avec les élèves de mon année. J’étais sorti avec quelques étudiantes plus jeune et avait joué au quidditch avec d’autres, mais je savais que je ne pouvais pas conserver de lien avec eux si je tenais à avoir un minimum d’autorité à mon retour.

Pendant deux ans, j’étudiai pour pouvoir retourner à Poudlard en tant que professeur. Mon maître regrettait cependant de voir un si bon élément se tourner vers l’enseignement alors que j’aurais fait d’après lui un merveilleux aurors, mais il arrivait trop tard : je ne revenais jamais sur une décision. Au bout de deux ans, j’étais prêt à enseigner, mais le titulaire du poste à Poudlard avait encore une année à tirer. Je profitai donc de cette année pour partir au Brésil. Il y avait eu jadis une école de magie là-bas, et j’en profitais pour apprendre de nouveaux sorts d’attaque et de défense auprès des habitants locaux.

Depuis mon retour, j’ai préparé mes premiers cours pour l’école, et bien que j’appréhende un peu, j’attends avec une impatience folle de retourner au château pour enfin y enseigner la défense contre les forces du mal, et préparer au mieux les élèves à ne pas être les futurs perdants des Hogwarts Games.

« Ce que j'ai toujours pensé des jeux ... »

Pour moi les jeux ont toujours été un rêve, quelque chose de stimulant. Une aide, si on gagne, pour se lancer dans la vie du bon pied tout en faisant honneur à sa famille. Je n’avais jamais vraiment songé à l’échec, à ceux qui perdaient tout, même eux-mêmes. Après tout, les Petrova n’ont pas pour habitude d’envisager l’échec, ce n’est pas quelque chose qu’on m’a appris. Je pensais grâce aux jeux pouvoir enfin m’élever au niveau de mon frère, et montrer l’étendard des sorts que j’avais appris si studieusement. Mais mon frère m’a volé la vedette. Là encore je ne pensais pas vraiment à sa défaite, j’étais persuadé qu’il allait gagner, malheureusement. C’était la première fois que je pensais un peu au rôle des perdants. Je me souviens d’avoir pensé : et si les mauvaises personnes perdent ? Si des gens mauvais deviennent tout à coup gentil, tendre, attentionnés ? La défaite est-elle vraiment une mauvaise chose ?

« Et puis j'ai grandi, et j'ai vu les choses sous un autre angle ... »

L’année dernière je me suis rendu au Brésil pour perfectionner mes talents en matière d’attaque et de défense contre les forces du mal. Là-bas, je rencontrai Firenze, un ancien ami à moi qui avait participé aux jeux quelques années auparavant. Il m’avait abordé par un coup de poing au visage, et en discutant avec lui alors que deux hommes le retenaient, j’appris qu’il s’était éloigné de tout et de tous, car il ne supportait plus ses propres frères et avait ses amis en horreur. Nous étions très proches lui et moi. De la même maison, j’avais été très fier et content pour lui lorsqu’il avait été tiré, quoiqu’un peu jaloux peut-être. Et pourtant lorsque je le voyais aujourd’hui, je ne reconnaissais plus la personne qu’il était à l’époque et je ne pouvais m’empêcher de me dire que j’avais peut-être finalement eu de la chance d’échapper à tout cela. Lorsque je voyais ses yeux pleins de haine et son rictus, je prenais conscience de ce que ces jeux étaient vraiment : une horreur, une abomination. Dès lors je savais que je devais entraîner les élèves de ma maison au mieux afin de leur éviter ce sort funeste.